Alice au pays des merveilles, par Julien Amillard
Fais de beaux rêves Il était une fois une petite fille. Cette petite fille était jolie et portait une robe bleue. Cette jolie petite fille s’appelait Alice et Alice dormait. Alice était dans un arbre. Allongée sur une branche de l’arbre, Alice dormait. Alice n’aurait pas dû dormir mais Alice dormait. Alice ne devait pas dormir parce qu’Alice n’était pas sur une branche pour dormir mais Alice s’était ainsi allongée pour être la plus à même d’écouter ce que sa grande sœur avait à lui dire. La grande sœur d’Alice était grande et comme toutes les grandes personnes savaient de grandes choses, des choses que de jolies petites filles comme Alice devaient savoir pour pouvoir un jour les dire à d’autres jolies petites filles. Pfff Alice…. Quoi ? Elle est nul ton histoire. Comment peux- tu dire ça ? Je viens à peine de la commencer ?!!! Et alors ? Moi je sais que c’est nul ce que tu lis ! Ah ? bon ! Mademoiselle qui sait tout saurait me dire pourquoi cette histoire est nulle ? Parce qu’elle est nulle ! Tu m’avais dit qu’il y aurait des lapins ! Moi je veux des lapins !!! Mais y a des lapins dans cette histoire. Non, tu mens. Ça fait une heure que tu lis cette histoire et y a pas de lapins !!! MOI JE VEUX DES LAPINS !!! Mais y a des lapins !!! Laisse- les venir. Ils vont arriver. Je te jure qu’ils vont arriver. Comme tu m’as promis que j’aurais ma glace ? Allez… Bon, d’un, ta glace, tu l’as eu. NON, C’EST PAS VRAI ! JE L’AI PAS EU !!!! Si, tu l’as eu. J’y suis pour rien si la boule est tombée par terre. Si, c’est ta faute ! Pourquoi elle serait tombée d’abord ?!!! Ça, c’est à cause de la gravité. La gravité, c’est nul. Oui ben va falloir que tu fasses avec. Pourquoi ? Et si moi je veux pas faire avec la gravité ? T’as pas le choix. C’est comme ça. Pourquoi toi t’aurais le choix et pas moi ?!!! Parce que toi t’es une petite fille et moi, j’suis un adulte. Tu dis toujours ça. C’est pas vrai. Si, c’est vrai. T’arrêtes pas de me dire que c’est pas de mon âge, que je comprendrai quand je serai plus grande, que toi tu peux le faire parce que toi t’es adulte… Moi aussi quand je serai adulte, je ferai ce que je voudrai et la gravité, j’en veux pas ! Ben, on verra comment tu feras. Ben oui tu verras parce que moi, je sais ! Ah ? bon ! Mademoiselle sait... Elle sait quoi la demoiselle ? Ben moi je sais comment qu’ils sont fait les bébés. Ah ? bon ! et bien alors vas- y, explique moi comment on fait les bébés ? Tu fais ça pour te moquer de moi. Non, vraiment, dis- moi comment on fait les bébés. A moi, on me l’a jamais expliqué. Vraiment ? Vraiment. Je t’écoute. D’accord. Alors d’abord, il faut une maman et un papa, dit la petite fille montrant le papa et la maman de son index et son index appuyé de l’index de son autre main. D’accord. Là, j’y suis. Attends ! Laisse- moi finir !!! Je t’écoute, je t’écoute. Donc il faut un papa – moi, le pouce dirigé vers son torse– et une maman – ta maman, une main jetée vers une autre pièce. Et la maman et le papa, des fois, ils s’aiment pas. Ah ? Des fois, y a même pas une maman et un papa. Ah ??? Des fois, y a deux mamans et des fois, y a deux papas, dit la petite fille montrant le papa et le papa de son index et son majeur d’une main et la maman et la maman de l’index et du majeur de son autre main. Ah…. ? Mais les deux papas et les deux mamans, ils font comme si ils étaient une maman et un papa. Ils font comme le papa et la maman, ils font pareils, ils se mélangent. Ah…………… Parce que le papa, il a un pénis et la maman, elle a un vagin. Et le pénis, il va dans le vagin. Et neuf mois plus tard, des fois, y a un bébé. Ah…. Le papa, il est tout gêné d’entendre sa fille débinée autant de vérité pour son si jeune âge… Le papa, il sait pas quoi faire ni quoi dire face à sa petite fille… Hormis son intranquille Ah… Voilà, c’est comme ça qu’on fait les bébés. Ah… ponctué de son regard sur le côté, comment quitter cette histoire, abréger ses souffrances – ça ne devait pas arriver plus tard ? Plus tard, c’est mieux. - et revenir sur son livre, posé ouvert sur ses cuisses ? T’as vu que j’sais comment on fait les bébés. Alors tu vois , ton histoire, elle est nul. Et la gravité aussi, c’est nul. Et quand je serai grande, la gravité, j’en voudrai pas. Ah…. Son doigt dirigé vers le livre ouvert sur ses cuisses… Alors mon histoire, tu veux pas l’entendre ? Y a des lapins dedans ? Il y a un lapin, oui, plus tard. Et il fait quoi ? Il est en retard…. Pfff ! C’est nul !!! Oui, c’est bien ce qui me semblait…. Papa… ? Oui… ? Je peux aller regarder la télé ? Non, je t’ai dit que c’était l’heure d’aller te coucher. Et sur internet ? Je peux aller lire une histoire sur internet ? Parce que mon histoire est nul mais sur internet, c’est bien ? S’te plait papa…. Pfff ! qu’est- ce que tu veux voir sur internet ? Je veux juste aller voir ce que mes copines font sur Facebook. Parce qu’elles pourraient pas te le dire demain ? Pfff ! D’façon t’es nul ! Tu comprends jamais rien à rien !!! Ben j’suis ton père, c’est mon job d’être un incapable. Pfff ! T’es nul !!! Comme la gravité ? T’es pire que la gravité !!!!! Merci mon cœur. Moi aussi je t’aime, un baiser sur son front, il se leva, éteignit la lumière entourée d’étoiles et de lune, de Barbie et Dora jetés au sol, Justin Bieber, Twilight et Harry aux murs, la porte se refermant, Fais de beaux rêves.